Je suis un peu désespéré car tout à l'heure on m'a dit que j'étais impudique, tandis que maintenant on me demande de parler de ma conception de ma famille. Pardonnez-moi, mais cela me regarde. Je suis un homme libre, je n'ai pas à vous révéler cela. Que je sache, vous n'êtes pas mon confesseur, ni mon psychiatre ni même mon psychanalyste.
Pour le reste, les choses sont très simples. Un jour, une femme viendra dans votre permanence pour vous dire ce qu'elle m'a écrit, et d'ailleurs ce sera peut-être la même : « J'ai été violée par mon père et je ne souhaite pas porter son nom », ou bien ; d'une autre : « J'ai des enfants, je les élève seule et c'est compliqué au quotidien. » Que lui répondrez-vous ? Que vous êtes là pour faire le droit, qu'il n'y a pas de place ici pour l'émotion. Quand on vous rappellera que le garde des sceaux a dit que vous rendrez des comptes aux Français, que c'est quand même bien le moins dans une démocratie, vous pousserez des cris d'orfraie. Je vous laisse à vos considérations, car je n'ai pas le goût de l'effort inutile. Je pense que c'est clair et net.
M. Schellenberger qui appartient à votre famille politique a dit à quel point ce texte le touchait, à quel point il était ému. C'est une émotion que vous n'allez pas rejeter d'un revers de la main parce qu'il appartient à votre groupe. Ce n'est pas déshonorant d'être ému quand on est ministre ou législateur. Je le répète, les Français jugeront de votre bonne foi ou de votre mauvaise foi – peut-être diront-ils que c'est nous qui sommes de mauvaise foi. Moi, je veux bien débattre, mais sur des arguments, pas sur des considérations qui n'ont strictement aucun sens.
Sur ces textes sociétaux, chacun est face à sa conscience. J'aimerais bien être une petite souris – mais cela n'arrivera jamais