Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du vendredi 4 février 2022 à 21h30
Reconnaissance du vote blanc — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Les Français ont perdu confiance dans leurs élites, dans les élus notamment et dans les partis politiques, je le répète – ainsi que dans la presse, mais ce n'est pas l'objet de nos débats de ce soir. L'abstention augmente de manière massive depuis les années 1980, toutes élections confondues. En s'abstenant, le peuple signifie qu'il n'a plus ni la voix pour se révolter démocratiquement ni le pouvoir suffisant pour changer fondamentalement le cours de son histoire.

Ainsi, Emmanuel Macron a été élu en 2017 par seulement 43,6 % des électeurs inscrits : 12 millions de Français se sont abstenus et plus de 3 millions ont voté blanc. Il s'agit du record absolu sous la Ve République. Comment un président élu avec les voix d'une minorité d'inscrits peut-il représenter les Français dans toute leur diversité ?

Depuis la loi de 2014, dont mes collègues du groupe UDI-I étaient à l'origine – je les en remercie – les votes blancs sont désormais décomptés séparément. Toutefois, ils n'entrent toujours pas dans la prise en compte des suffrages exprimés. Ainsi, ils ne sont que très insuffisamment portés à la connaissance du grand public.

Le vote blanc est pourtant, dans son principe, très différent de l'abstention. Vous avez longuement parlé de l'abstention, madame la ministre déléguée, mais je parle, quant à moi, du vote blanc, qui est l'expression d'une pensée affirmée. En votant blanc, les citoyens nous disent : « Je participe au vote mais aucun des candidats, » – vous comprendrez que je ne parle pas de moi – « aucun des projets ne correspond à mes attentes ». Cela signifie que, s'ils se sentent concernés par la vie démocratique, ils ne se sentent ni compris ni entendus.

La reconnaissance du vote blanc pour l'élection présidentielle poursuit donc plusieurs objectifs. Tout d'abord, il s'agit de reconnaître une volonté populaire maintes fois exprimée : les citoyens français y sont favorables dans leur immense majorité, comme le montrent l'ensemble des sondages réalisés sur le sujet. Un sondage effectué par l'IFOP en 2017 révélait que 86 % des Français sont favorables à la reconnaissance du vote blanc en tant que suffrage exprimé pour l'élection présidentielle.

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