Lors de sa conférence de presse, le 10 juillet dernier, M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics, a évoqué un plan d'économies sans précédent de 4,5 milliards d'euros. Expliquant que la France devait respecter ses engagements européens – nous pouvons vous suivre sur ce point –, il a notamment annoncé une réduction majeure des dépenses, qui suscite nos interrogations.
On ne commente plus la baisse de 850 millions d'euros du budget de la défense, mais on note que le budget du ministère des affaires étrangères sera réduit de 282 millions, celui de l'intérieur de 526 millions, celui de la justice de 160 millions, celui de l'éducation nationale de 75 millions et celui de la culture de 50 millions. Il a aussi annoncé un effort du ministère de l'économie et des finances.
Quand, dans la même semaine, le dialogue engagé avec les collectivités locales prévoit une baisse de moyens de l'ordre de 13 milliards d'euros, on peut s'interroger sur les conséquences économiques de ces choix. Si elle ne se décrète pas, la croissance doit se nourrir aussi de l'effet levier de la dépense publique. Je prends à dessein l'exemple des collectivités locales qui, grâce à leurs investissements, sont les premières à remplir les carnets de commandes des entreprises privées. Quand les communes, les départements et les intercommunalités n'investissent plus, ce sont les entreprises qui ne peuvent plus vivre et qui n'embauchent plus.
Vous annoncez également une grande vague de réduction de l'emploi parmi les travailleurs du service public qui, eux-mêmes, vivent, consomment et contribuent à faire tourner notre économie. Ne craignez-vous pas que ces restrictions budgétaires annoncées, au-delà de la vertu souhaitée, n'entraînent des conséquences économiques fortes qui ne vous permettront pas de réaliser votre mission : gagner la bataille de l'emploi ? Je dirige une très petite entreprise, comme nombre de collègues, et je ne pense pas qu'une révision du code du travail et une réduction de la fiscalité suffisent pour atteindre cet objectif et permettent de remplir les carnets de commandes. En outre, toutes les entreprises ne bénéficieront pas de la révolution numérique. Ne pensez-vous pas que cette baisse des moyens accordés aux collectivités est contre-productive ?