Intervention de Charles de la Verpillière

Séance en hémicycle du mardi 20 mars 2018 à 21h30
Programmation militaire pour les années 2019 à 2025 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCharles de la Verpillière :

À ce stade, vous me permettrez d'utiliser l'image du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. À votre crédit, je porte, bien sûr, « l'inversion de la courbe », comme aurait pu le dire M. Hollande, que certains d'entre vous connaissent bien. Vous affichez votre intention de porter l'effort de défense à 2 % du PIB en 2025. C'est un objectif légitime, même si le président de la commission des finances a dit ce qu'il fallait penser du mode de calcul. Je salue également la renonciation à inscrire des recettes exceptionnelles – dont nous avons vu qu'elles ne sont jamais réalisées – pour financer les dépenses.

La remontée des effectifs – une augmentation de 6 000 hommes sur la durée de la programmation, essentiellement dans le secteur du renseignement et de la cyberdéfense – est également une bonne chose, de même que l'attention portée à la condition des personnels, à leur équipement individuel et aux familles. Enfin, nous sommes favorables aux études menées sur certains nouveaux grands programmes : le futur porte-avions ; le système de combat aérien futur ; le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins ; le maintien de la composante aéroportée de notre dissuasion nucléaire.

Cependant, tous les observateurs objectifs n'ont cependant pas manqué de voir aussi le verre à moitié vide. En premier lieu, vous ôtez toute crédibilité à votre programmation en faisant porter l'essentiel de l'effort sur le mandat présidentiel qui suivra celui de M. Macron. En effet, le budget des armées augmentera de 1,7 milliard d'euros en 2019, 2020, 2021 et 2022, puis il y aura une marche de 3 milliards d'euros en 2023, 2024 et 2025. Ce sont donc vos successeurs qui payeront. Logiquement, le même tour de passe-passe se retrouve dans la hausse des effectifs : une augmentation de 1 500 hommes pendant le quinquennat de M. Macron, contre 4 500 pendant le mandat suivant.

En deuxième lieu, nous avons les plus grands doutes sur la possibilité de financer à la fois les grands programmes de l'horizon 2030 et les besoins immédiats de nos armées et de nos troupes. Ma collègue Marianne Dubois en a fait la démonstration.

Il faut remarquer, en troisième lieu, qu'une bonne partie de la hausse annoncée des crédits budgétaires sera absorbée par la « provision OPEX », qui va passer de 650 millions à 1,1 milliard d'euros en 2023. Vous vous privez ainsi de la possibilité de faire contribuer les autres ministères au financement du surcoût, comme cela se faisait auparavant.

En quatrième lieu, je dois dire, madame la ministre, que votre définition de ce que pourrait être une politique européenne de défense et de son articulation avec l'OTAN m'a laissé un peu sur ma faim. Je ne vous en fais pas grief et conviens volontiers que l'exercice est difficile.

Sur la plupart des bancs de cet hémicycle, nous sommes attachés à la construction européenne et à notre appartenance à l'Alliance atlantique. Nous savons aussi l'aide qu'apportent les États-Unis à nos opérations.

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