Madame la ministre des solidarités et de la santé, le constat est malheureusement sans appel : la désertification médicale s'aggrave. Si tous les territoires sont concernés, je constate que le territoire havrais, urbain et rural, est devenu un vrai désert médical, et je le déplore.
Je tiens à vous donner quelques exemples. Si la pénurie d'ophtalmologistes en France est criante, elle prend une acuité toute particulière au Havre avec un peu plus de six ophtalmologistes pour 100 000 habitants, contre neuf dans le reste de la France. Le délai d'attente pour obtenir un rendez-vous est au Havre de 153 jours en moyenne contre 100 jours au niveau national. Un tel délai pose évidemment des problèmes compte tenu de l'augmentation de maladies oculaires, notamment liées à l'âge – je pense évidemment à nos aînés, mais aussi aux plus jeunes, qui passent beaucoup de temps devant les écrans.
La psychiatrie n'est guère mieux lotie. Le nombre de psychiatres pour 100 000 habitants sur le territoire de santé du Havre est en effet deux fois moins élevé que la moyenne nationale. On y compte 6,48 psychiatres salariés pour 100 000 habitants, contre 13 sur le plan national, et 5,55 psychiatres libéraux pour 100 000 habitants, contre 10,2 sur le plan national.
De plus, les effectifs de ces services sont calculés par rapport à une capacité d'accueil théorique, qui est régulièrement dépassée au sein de l'hôpital du Havre, ce qui provoque une surcharge de travail, de la fatigue et donc des arrêts de travail, eux-mêmes insuffisamment remplacés – lorsqu'ils le sont. Ce cercle vicieux épuise les personnels.
Les hôpitaux privés, enfin, connaissent eux aussi des difficultés : ainsi l'hôpital privé de l'Estuaire, situé au Havre, n'a plus de pneumologue, et donc de service de pneumologie. Il se trouve également en très grande difficulté du fait de problèmes de recrutement d'un gynécologue obstétricien, problèmes qui hypothèquent l'avenir de sa maternité et pourraient à terme déséquilibrer l'organisation du service de maternité dans notre territoire.
Face à ce constat, la communauté médicale, l'agence régionale de santé et les collectivités territoriales ne sont pourtant pas restées inactives. Ainsi, le groupe hospitalier du Havre poursuit sa démarche d'universitarisation en partenariat avec le centre hospitalier universitaire – CHU – de Rouen, l'université de Rouen et la communauté d'agglomération du Havre. Toutefois les problèmes demeurent.
En octobre dernier, le Premier ministre et vous-même avez présenté les propositions du Gouvernement pour lutter contre la désertification médicale et renforcer l'accès aux soins pour tous les Français. Toutefois, compte tenu de l'extrême urgence liée à la désertification médicale que subit notre territoire, pourriez-vous m'indiquer les mesures immédiates que vous comptez prendre ?