Lors d'une négociation préalable au passage devant les prud'hommes, France Inter, avec qui je rompais mon contrat de travail, voulait y inscrire une clause de confidentialité qui m'aurait interdit d'évoquer tout ce dont j'aurais pu avoir connaissance au cours de mes sept années accomplies là-bas. J'ai bien entendu refusé cette clause, y voyant une limite à ma liberté d'expression, et j'ai finalement réussi à l'éviter.
La clause de confidentialité a quelque chose d'incroyable. Pour beaucoup, le travail est le coeur de l'existence et, sinon la raison de vivre, du moins la raison d'être sociale ; or, que ce soit lors de la signature d'un contrat de travail ou de sa rupture, il est demandé, à travers ces clauses de plus en plus fréquentes, de faire silence sur tout ce pan de la vie. Cela pose problème. On peut travailler pendant des années dans une entreprise sans jamais apporter, chez soi, la moindre image de ce que l'on vit au travail. C'est comme si le monde du travail était un monde oublié, inexistant pas pour la famille.
Vous nous direz que la question ne figure pas le texte. Soit, mais il me semble nécessaire de réglementer un tel droit à acheter le silence, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit : parce que l'on vous paie, vous devez nous taire, non sur des aspects limités mais sur l'ensemble de l'activité ou presque.