Le 21 novembre dernier, à l'occasion des treizièmes assises de l'économie de la mer au Havre, le Premier ministre a présenté les grandes lignes de la politique maritime du Gouvernement, qui avaient été arrêtées lors de la réunion du comité interministériel de la mer à Brest. Il a déclaré alors : « La France n'a pas un trafic portuaire à la hauteur de sa façade maritime, de son marché intérieur et de sa place en Europe ».
Je ne peux que lui donner raison : alors que nos ports disposent d'atouts considérables, leur potentiel est sous-exploité, et leur compétitivité en déclin ; avec 5 millions de conteneurs manutentionnés, la France n'occupe que le septième rang européen. Au total, un conteneur sur deux arrivant dans notre pays passe par un port étranger. Le manque à gagner est considérable : 5 millions de conteneurs détournés, cela représente une perte de valeur ajoutée de 4,3 milliards d'euros et de 30 000 à 50 000 emplois, sachant que ces produits sont, quoi qu'il arrive, importés avant d'être consommés en France. Cette réalité n'est pas acceptable. Il est essentiel et urgent d'améliorer la desserte des infrastructures portuaires, dont la faiblesse fait actuellement perdre à nos ports un grand nombre de clients potentiels.
Des engagements concrets ont été pris par le Gouvernement en matière de stratégie portuaire. Le Premier ministre a ainsi annoncé vouloir développer trois grands axes : Rhône-Marseille, Seine-Le Havre et Nord-Dunkerque. Malheureusement, nous ne sommes pas informés des suites données à ces grandes déclarations, même si je ne doute pas de l'investissement du Gouvernement sur le sujet.
À la veille du Brexit et au moment où les Chinois investissent en Belgique, il est primordial pour la France de disposer d'une véritable stratégie de développement des ports et des hinterlands. Le Premier ministre en a tracé les grandes lignes en novembre ; je souhaite aujourd'hui connaître les mesures concrètes qui seront prises. Que prévoit le Gouvernement pour améliorer l'attractivité de nos grands ports ? À l'heure où le port du Havre annonce l'équivalent de 500 millions d'euros de projets et le port de Dunkerque 450 millions d'euros d'investissements, l'État entend-t-il débloquer des crédits pour accompagner ces ambitions portuaires ?
Enfin, puisque le sujet est d'actualité avec la réforme de la SNCF, pourriez-vous nous indiquer les orientations du Gouvernement en matière de développement du fret ferroviaire ?