La filière papetière a traversé une grave récession cette dernière décennie. Les unités de production françaises ont été sévèrement touchées. Or la crise économique n'a pas été le seul facteur déterminant : le rôle des actionnaires est prépondérant. Un audit réalisé en 2013 à la demande de l'Union française des industries des cartons, papiers et celluloses, la COPACEL, indiquait qu'il n'y avait pas entre la France et l'Allemagne – principal producteur européen – d'écart de compétitivité très net. En revanche, selon cette étude, la nationalité des actionnaires joue un rôle prédominant : les groupes internationaux privilégient la sauvegarde des usines de leurs pays d'origine. Or 60 % de la papeterie française est détenue par des groupes internationaux.
De plus, l'outil industriel français est vieillissant et souffre d'un sous-investissement chronique, les actionnaires privilégiant la sauvegarde de leurs unités de production les plus modernes.
En outre, ils refusent bien souvent de vendre les usines qu'ils entendent fermer. Je pense à la papeterie Arjowiggins, du groupe Sequana, qui était installée à Wizernes ; je pense au groupe UPM qui a refusé de vendre sa machine 3 de Grand-Couronne, en Seine-Maritime ; je pense au groupe M-Real dont le site fermé d'Alizay a dû être exproprié par le conseil départemental de l'Eure afin de permettre sa revente au groupe Double A.
Dans ma circonscription, le groupe suédois Essity s'apprête à fermer son usine de Saint-Étienne-du-Rouvray, qui n'a fait l'objet d'aucun investissement majeur depuis son acquisition. Elle emploie 150 salariés.
Quelle contre-stratégie l'État entend-il adopter face à cette stérilisation de l'outil de production ?