Nous avons été sensibles aux récentes annonces et au volontarisme affiché par le Président de la République pour que la France ne rate pas le train de l'intelligence artificielle. Nous mesurons, sur tous les bancs, à quel point l'enjeu stratégique de l'innovation sera déterminant pour l'avenir économique de notre pays, et nous souscrivons pleinement à l'effort engagé.
Toutefois, pour continuer à rester à la pointe et offrir emplois et perspectives, la France, grande puissance économique, doit s'appuyer sur tous ses savoir-faire, y compris les plus historiques. L'intelligence artificielle, toute prometteuse qu'elle est, ne saurait se développer, prospérer et même vivre sans une industrie puissante et dynamique.
Notre pays, qui a construit son rayonnement sur un socle économique solide, a subi ces quarante dernières années le choc de la désindustrialisation. Malgré l'excellence des filières, le savoir-faire des femmes et des hommes, la capacité d'innovation et l'engagement des territoires, nous avons perdu une partie de nos emplois sur un marché mondial libéralisé. Nous devons, aujourd'hui, réaffirmer notre volonté de maintenir notre outil industriel, mais aussi le développer et, pour cela, affirmer une vision politique portée par un État stratège et engagé, qui se batte pour le maintien de l'emploi.
Comme Whirlpool, qui partira produire ses sèche-linge en Pologne, comme Caterpillar, dont l'usine d'assemblage de boîtes de vitesses a quitté Arras pour l'Irlande du Nord, General Electric délocalisera son activité. Interrogé en commission des affaires économiques sur l'avenir de la branche Alstom, le ministre de l'économie a répondu que « l'État n'a ni les moyens financiers, ni la compétence économique, ni l'expertise technologique pour diriger les grands géants industriels ». C'est pourtant bien à l'État qu'il revient d'agir, comme un relais ; c'est bien lui qui dispose des moyens, notamment juridiques, d'ériger des garde-fous et d'offrir des garanties solides au service de l'emploi et d'une véritable stratégie industrielle à l'échelle nationale.
La commission d'enquête sur les décisions de l'État en matière de politique industrielle, dont je suis membre, l'a mis en évidence à plusieurs reprises. Là aussi, il faut tirer les leçons du passé.
Pouvez-vous, madame la secrétaire d'État, préciser quelle est votre vision de la politique industrielle de la France ? De l'innovation à la production, souhaitez-vous utiliser tous les moyens qui sont ceux de l'État pour maintenir l'emploi dans ces filières d'avenir, y compris accroître la protection sur certains secteurs stratégiques, notamment celui de l'hydroélectricité, sur lequel M. le ministre de l'économie et des finances ne m'a pas répondu tout à l'heure ?