J'essaie de préserver ma naïveté, parce que c'est elle qui me permet d'avoir, le matin, l'énergie de me lever. Je nourrissais donc l'espoir, naïf, que les débats en commission, la tonalité de nos discussions et notre volonté d'avancer ensemble dans l'intérêt du monde paysan conduiraient le rapporteur et le ministre à regarder moins l'origine des amendements que leur contenu, pour en mesurer l'intérêt.
Je pensais donc que la volonté de préserver l'état d'esprit consensuel des États généraux de l'alimentation conduirait M. le ministre à ne pas se soucier de l'origine contrôlée des amendements du groupe La République en marche et à accueillir les amendements de l'opposition lorsqu'ils vont dans le bon sens.
C'était de la naïveté. Je mesure à quel point le nouveau monde applique les recettes de la vieille politique. À vos yeux ne trouvent grâce que les amendements issus de vos bancs.
Nous avions plusieurs séries d'amendements identiques dont le classement échappe à ma compétence et, au bout du compte, seul un amendement issu du groupe La République en marche est retenu, afin de mieux balayer d'un revers de la main les amendements de l'opposition, qui disent pourtant la même chose.
Un tel comportement ne me paraît ni irréprochable ni correct ni de nature à créer le rassemblement nécessaire du Parlement autour de l'objectif de redressement du monde agricole. Je le regrette publiquement.