Nous ne pouvons que nous réjouir des dispositions qui visent à améliorer les relations entre fournisseurs et distributeurs. Le problème, c'est que vous êtes allés trop vite en besogne avec ce projet de loi et, de fait, nous nous interrogeons sur le contenu des ordonnances. Il eût été préférable de faire figurer directement dans le projet de loi les avancées – oui, les avancées – que vous envisagez d'inscrire dans les ordonnances.
Cela étant, nous ne sommes pas dupes. C'est comme lorsqu'un métro quasi plein arrive dans une station bondée : les portes s'ouvrent, certains rentrent, mais d'autres restent sur le quai !
Et ainsi se crée, c'est là la difficulté, un rapport de forces dans les relations commerciales. À chaque fois, que des règles – et il y en a eu depuis une quinzaine d'années ! – sont posées, qu'elles sont inscrites dans le code de commerce, qu'elles aient été réfléchies, mises en oeuvre à l'issue de concertations avec l'ensemble des parties, à chaque fois, elles sont contournées. Le rapport de forces fonctionne ainsi que, au dernier moment, même en présence d'une interprofession ou d'une organisation de producteurs, il profitera au plus puissant, et pas à celui qui cherche à vendre ses produits.
C'est pourquoi il aurait fallu des règles beaucoup plus strictes, avec des mécanismes contraignants. Mais votre texte procède d'une vision morale. Vous considérez que les relations commerciales peuvent se faire en bonne entente – et vas-y que je te tape sur l'épaule – , selon la politique des Bisounours. Mais, au final, je le répète, les plus puissants l'emporteront, et les producteurs seront écrasés.