Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du jeudi 14 juin 2018 à 9h30
Protection des savoir-faire et des informations commerciales — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Nous n'avons pas de philosophie définitive ni de position dogmatique quant aux motions de rejet et je vais soutenir celle-ci, à titre peut-être exceptionnel au regard de la culture politique de notre groupe. Je parlerai du fond tout à l'heure, si la motion n'est pas adoptée, mais sur la forme, je voudrais répéter ce qu'ont déjà dit Marietta Karamanli et plusieurs autres collègues du groupe Nouvelle Gauche : nous déplorons l'absence d'étude d'impact, le refus d'un renvoi en commission alors que celle-ci avait constaté des impasses sur l'interprétation sémantique et légistique de plusieurs points essentiels, ainsi que le recours à une procédure accélérée s'agissant d'une loi qui avait de toute évidence vocation, comme d'autres en leur temps, à faire consensus. On ne cesse d'évoquer la question de la hiérarchie des normes ; dans une nation comme la nôtre, la mise en cohérence avec la directive européenne représente certes un impératif, mais elle ne nous exonère pas de la nécessité d'exploiter toutes les marges de manoeuvre. Dans la hiérarchie des normes, la Constitution et les libertés publiques s'imposent comme prédominantes.

Non seulement nous allons soutenir la motion de rejet, mais pour éviter tout suspense, je vous préviens d'ores et déjà que, si celle-ci est rejetée, nous voterons contre la proposition de loi elle-même. Si les conditions politiques sont réunies, nous organiserons une saisine du Conseil constitutionnel afin de restreindre l'interprétation et le champ d'application de cette loi. Ce sera pour nous une façon d'exercer notre fonction de lanceurs d'alerte au sein d'une opposition qui, madame la ministre, chers collègues du groupe majoritaire, ne le fait pas pour vous défier. Nous ne vous faisons pas de procès d'intention ; notre entrée dans ce débat n'est pas de présumer que vous avez été manipulés par un lobby. Le reproche fondamental que nous vous adressons n'est pas de succomber à la pression de l'opinion, quelle qu'elle soit, mais de ne pas avoir créé les conditions d'un dialogue pour sortir des impasses où nous laisse ce texte.

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