Intervention de Boris Vallaud

Séance en hémicycle du jeudi 14 juin 2018 à 15h00
Liberté de choisir son avenir professionnel — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoris Vallaud :

Puisque nous avons levé la séance de ce matin sur ces mots, j'aimerais d'abord vous dire, madame la ministre, que nous ne sommes pas des révolutionnaires du statu quo et que nous ne nous accrochons pas à l'ordre ancien en considérant que tout va bien et que nous pouvons nous satisfaire de la situation de nombreux jeunes. Mais il est de notre devoir à tous de vous dire que si nous devons changer, nous devons le faire pour le meilleur. Or un certain nombre des choix que vous faites nous interrogent et nous inquiètent, notamment cet article 7, et c'est pour cela que nous en demandons la suppression.

Tout d'abord, comparaison n'est pas raison. Il a été rappelé ce matin que l'on compte 1,5 million d'apprentis en Allemagne. En France, on ne compte certes que 400 000 apprentis, mais il y a aussi 665 000 jeunes en lycée professionnel, 430 000 jeunes inscrits dans les filières technologiques dans les lycées, 260 000 en BTS – brevet de technicien supérieur – et 115 000 en IUT – institut universitaire de technologie. Le succès de la voie professionnelle dépasse donc le seul apprentissage.

Ensuite, notre inquiétude porte sur le pari que vous faites. Nous sommes attachés à ce que l'apprentissage demeure une formation initiale, au même titre que la formation scolaire, parce qu'il concerne des jeunes en formation, et non en formation professionnelle, continue. Vous allez transformer un service d'intérêt général non économique, qui n'est pas assujetti à des règles de marché, qui n'est pas assujetti à des considérations de rentabilité, en un marché concurrentiel d'un nouveau genre.

Cela nous fait craindre des phénomènes de ségrégation spatiale, et c'est ce qui fait dire aux régions qu'un certain nombre de CFA – centres de formation d'apprentis – sont menacés – et je crois qu'il faut se garder de tout mépris à l'égard de la démocratie locale. On nous répond qu'il n'y a aucune raison d'être inquiets, mais il se trouve que nous le sommes, et que nous ne nous contentons pas d'être les porte-voix de l'Association des régions de France.

Le fonds de péréquation des régions représente 250 millions d'euros. Or il faudrait 390 millions pour faire face à la situation actuelle. Pour l'Occitanie, que nous avons évoquée tout à l'heure, il est prévu 18 millions d'euros au titre de la péréquation, alors qu'il faudrait 34 millions. Et vous n'avez pas répondu non plus à la question que nous vous avons posée sur le devenir des aides aux apprentis qui sont versées par les régions. En Occitanie, pour reprendre cet exemple, elles représentent plus de 14 millions d'euros.

Notre deuxième inquiétude, vous l'aurez compris, porte donc sur les modes de financement, et notamment sur le financement au contrat, qui met les CFA en concurrence. Les CFA qui seront les plus touchés sont ceux qui ont des qualifications de niveau IV et V, ceux qui sont situés dans les territoires ruraux, dans des petits bassins d'emploi, et qui ont de faibles effectifs.

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