Je suis évidemment totalement défavorable à ces amendements visant à supprimer la procédure de référé instaurée par la proposition de loi. La possibilité de recourir au référé sera un outil précieux pour réagir dans l'urgence contre les tentatives grossières et massives de manipulation de l'information destinées à modifier le cours normal du processus électoral. Vous estimez que cette mesure est susceptible de porter atteinte à la liberté d'expression et à la liberté de la presse : c'est faux. Les conditions d'intervention du juge, que le travail en commission a permis d'affiner, sont très précisément encadrées. Seules les informations manifestement fausses et diffusées de façon artificielle ou automatisée et massive sont concernées. Ce sont donc les campagnes orchestrées de désinformation qui sont ici visées.
Je le répète, aucune atteinte n'est portée à la liberté d'expression, pas plus qu'à la liberté d'opinion. Ce ne sont pas les auteurs de fausses informations qui sont visés dans ce texte, mais leur diffusion, car l'objet n'est pas ici de sanctionner l'auteur – c'est l'objet des dispositions pénales – mais d'endiguer la propagation. Cela répond à un souci d'efficacité en période électorale, compte tenu de l'urgence et de la gravité des enjeux. Il faut pouvoir faire cesser la diffusion, sans avoir à poursuivre l'auteur, d'autant que celui-ci n'est pas toujours aisément identifiable, et même parfois anonyme. Ce pouvoir est confié au seul juge judiciaire, lequel est, aux termes mêmes de la Constitution, le garant des libertés individuelles.
Plus généralement, je rappelle que ce texte ne crée aucune interdiction nouvelle. La diffusion des fausses informations est, de longue date, interdite et sanctionnée pénalement, lorsqu'elle trouble la paix publique ou altère la sincérité d'un scrutin.