Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, madame la garde des sceaux, monsieur le rapporteur général, madame la rapporteure, monsieur le rapporteur, messieurs les rapporteurs pour avis, mes chers collègues, depuis ses premiers pas dans la cour du Louvre, les Français découvrent un Président Macron très attentif à mettre en scène le pouvoir. Des lieux prestigieux sont enrôlés à cette fin : Saint-Denis, Chambord, Versailles. La référence réitérée à la monarchie est pleinement revendiquée, et le Président est toujours disponible pour s'assurer que la leçon du scénario n'échappe à personne.
En ces temps d'incertitude, le Président a décidé fort à propos d'assumer la verticalité du pouvoir afin de rassurer les Français et de leur donner à voir le retour de l'histoire. Tel est le spectacle, aussi séduisant que grandiose, auquel nous avons la chance d'être tous conviés. Il est vrai qu'il est tentant d'y croire. Après tant d'années immobiles ou agitées, même les plus sceptiques d'entre nous attendent du nouveau.
Toutefois, nul ne sait si le film sera digne du scénario, car il est beaucoup trop tôt pour décider si l'ensemble des actes sera à la hauteur de l'ambition affichée. Dès lors, comment juger l'homme public ? Sommes-nous face à l'une de ces rares personnalités destinées à marquer leur temps ou bien devant une brillante incarnation de l'air du temps ? Comment savoir si ce Président s'imposera comme un homme d'État ou bien s'il passera, comme est passé, en Italie, le si charmant Matteo Renzi ?