À ce stade, ma crainte est grande que la question maritime, question majeure s'il en est, ne fasse aussi les frais de cette désolante actualité. Je suis convaincue, comme beaucoup ici, que la France ne peut plus rester indifférente à l'égard des mers et des océans, en raison même des multiples enjeux qui leur sont liés. Qui peut encore nier que notre siècle est et sera de plus en plus maritime ? Pensons seulement au potentiel maritime dans le développement des énergies renouvelables. Rappelons encore que 98 % des data numériques transitent par les câbles sous-marins. Notre système juridique ignore encore trop la dimension océanique de la France, dont l'inscription dans la Constitution sera un accélérateur aussi indispensable qu'efficace.
Je ne comprends donc pas l'avis défavorable de la commission. Les mots de Richelieu sont encore vrais pour ceux qui nous dirigent aujourd'hui : « Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu'ils ont ignorée. » Quant à Louis XVI, il demandait, en montant sur l'échafaud, si l'on avait des nouvelles de M. de La Pérouse, à qui il avait commandé une grande expédition scientifique. Et nous, deuxième puissance maritime du monde, en sommes encore, au XXIe siècle, toujours au même point : on ne veut pas inscrire les mers et les océans dans la Constitution ! C'est honteux !