Madame la ministre, je vous remercie de votre exposé. Je crois très utile que vous vous exprimiez devant nous à l'issue de chaque Conseil européen, et j'en remercie notre présidente. Et, cette réunion se tenant à huis clos, nous pouvons nous parler très franchement.
Ce n'est un mystère pour personne : l'objectif du Conseil européen était surtout d'éviter que l'Europe se divise et qu'elle apparaisse comme paralysée. L'objectif est atteint, et on ne peut que s'en féliciter. Ayons en revanche la franchise de dire que, derrière cela, il y a un ensemble de voeux pieux, pour ne pas dire un ensemble de généralités, voire de phrases creuses, d'autant que ce Conseil s'est tenu alors qu'une pression extrêmement forte était exercée, avec les positions du ministre de l'intérieur allemand, sur la Chancelière allemande.
On pourrait résumer ce Conseil européen d'une formule lapidaire : c'est mieux que si c'était pire. Ayons la franchise de le dire : en matière de migrations, rien n'est réglé.
Et j'aimerais bien savoir ce qui a été décidé à propos du système de Dublin. Appel à sa révision, réaffirmation du droit et, en même temps, mise en place de mécanismes de solidarité… Concrètement, qu'est-ce que cela veut dire ?
Quant aux centres d'accueil contrôlés mis en place de manière volontaire, j'ai cru comprendre qu'on allait peut-être forcer des pays à être volontaires…
J'ajouterai un mot sur ce que vous appelez, de même que certains collègues, les populismes. C'est une facilité de langage. Je m'oppose totalement à tous les excès verbaux, aux postures et propos politiques d'un certain nombre de responsables à propos de l'immigration, mais, quand même, dans « populisme », il y a « peuple ». La moindre des choses, pour un élu, est de reconnaître les décisions des peuples.
On peut ne pas être d'accord avec le résultat des élections en Italie ou en Hongrie, avec ce qui se passe en Pologne, en Allemagne avec les 12 % de suffrages recueillis par l'Alternative für Deutschland (AfD), mais ce sont les résultats de scrutins démocratiques. Plutôt que de recourir en permanence à cette facilité de langage et de parler de la « montée des populismes », nous devrions au moins considérer honnêtement ce que cela veut dire et quelle opinion les peuples ont exprimée démocratiquement à propos des migrations. Ce serait intellectuellement plus honnête et politiquement plus efficace.