Madame la présidente, monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs, chers collègues, notre pays vit sous le régime de l'état d'urgence depuis les terribles attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis. À cette époque, il s'agissait de prendre avec une grande célérité les mesures nécessaires pour empêcher tout nouvel acte terroriste et arrêter les auteurs des attaques. Nous avions voté l'état d'urgence mais nous avions été très clairs : nous refusions toute prorogation au-delà de trois mois, non par posture idéologique ou dogmatique mais bien parce que tout le monde, notamment les professionnels de la sécurité et de la justice, s'accorde à dire que l'efficacité d'un régime d'état d'urgence est avérée dans les premières semaines de son instauration mais qu'il ne fait plus ses preuves au-delà.
C'est pourquoi nous nous sommes opposés aux prorogations successives. Nous n'avons cessé, depuis près de deux ans, d'alerter sur le risque de banalisation de cet état d'exception, de cet « état d'urgence permanent ». Nous le savons, la menace terroriste est élevée et durable. C'est précisément dans les périodes troublées que nous ne devons rien céder à la peur, ni porter atteinte à nos principes démocratiques, ni toucher à l'équilibre des pouvoirs, ni restreindre nos droits et notre liberté individuelle.