Je comprends bien les arguments de la rapporteure et du ministre d'État. Il est certain que les nouvelles technologies peuvent favoriser l'efficacité, et même la rentabilité, d'un certain nombre de procédures. Néanmoins il me semble que nous avons fait le choix, dans cette République, d'une justice humaine. Cela implique que les procédures ne soient pas entièrement écrites, et appelle l'oralité des débats.
C'est la raison pour laquelle nous avons des audiences de justice, dans ce pays, même si elles sont formelles dans le cadre de la justice administrative : cela permet d'amener les arguments grâce à l'oralité, à travers le contact humain.
Il me semble, pour avoir siégé sur les bancs de la magistrature administrative, que la visioconférence n'apporte pas ce contact humain, c'est-à-dire la capacité à lire aussi sur le visage des autres une certaine expression qui peut parfois être l'expression de la vérité.
Or ce que nous recherchons, mes chers collègues, dans ce type d'audiences, c'est bien la manifestation de la vérité. À mon sens, celle-ci doit se faire, et continuer de se faire, à travers le contact humain.