J'ai souvenir qu'à l'époque où le cours du porc était très bas – c'était, je crois, du temps de Stéphane Le Foll, et Manuel Valls était Premier ministre – on en accusait le ministre de l'agriculture, qui, naturellement, fait et défait les marchés... Comme si une nouvelle crise se déclenchait dans quelques jours et que l'on disait : « Que fait Travert ? Le prix du porc, ce n'est pas un prix ! C'est scandaleux ! Et Travert ne fait rien ! » Je me disais alors que ce n'était ni à Manuel Valls ni à Stéphane Le Foll, qu'il s'agisse du porc, du lait ou de n'importe quelle autre production, de réunir les parties prenantes pour leur dire de se mettre d'accord et d'entendre les producteurs qui souffrent, qui vendent leurs produits à perte – ce qui est inadmissible – , qui ont des annuités d'emprunt à payer et toutes les difficultés que l'on connaît. Ce n'est pas le rôle du politique de réunir des parties prenantes responsables qui ne sont pas fichues de s'accorder et de faire preuve de solidarité.
Par conséquent, l'idée est que, si les acteurs de l'interprofession – pour reprendre le même exemple, les éleveurs de porc, les charcutiers, les industriels, les distributeurs – ne parviennent pas à se mettre d'accord, une autorité intervienne pour dire : « En dessous de 1,40 euro, ce n'est pas viable pour les producteurs. » Pour le déterminer, elle se fonderait, évidemment, sur les cours nationaux, mais aussi mondiaux. Elle aurait l'expertise et l'intelligence que nous n'avons pas – ce serait son métier – , et sa décision ferait autorité.
La crainte de la voir agir serait l'aiguillon qui obligerait les parties prenantes à sortir des discussions par le haut en trouvant un accord.