On touche là à un sujet qui est beaucoup plus sensible et important que ce que l'on croit. Ne faisons pas semblant de confondre les situations. La radicalisation qui vise à la propagande est parfaitement prise en charge, à l'heure actuelle, par l'éducation nationale, au moyen des sanctions qui ont été évoquées. Mais il y a des gens qui s'engagent dans un processus, aujourd'hui à peu près connu et cerné, d'isolement, de repli sur soi, d'enfermement dans un petit groupe. Ces gens commencent à présenter un danger, sans qu'il y ait de signe judiciaire, mais la situation peut être visible, dans l'établissement scolaire, par la hiérarchie, par les collègues. Et ne me dites pas qu'à l'heure actuelle, dans l'éducation nationale – et j'y ai exercé dans mon jeune âge – il y a des solutions pour contrer cela : ce n'est pas vrai. Ce n'est déjà pas le cas, chers collègues, en matière de pédophilie !
Il faut trouver des solutions. Il ne sert à rien d'arguer que cela peut aussi être le fait d'un élève ou d'un parent. Nous parlons de gens qui fréquentent tous les jours l'établissement, au nom de l'État, et pour lesquels – je le sais pour avoir été maire durant un certain nombre d'années – nous ne prenons pas les mêmes précautions d'entrée dans les lieux que pour d'autres personnes. La question est exactement la même, et le débat a eu lieu sous la précédente législature, pour les agents des sociétés de transport.
Au fond, la question qui se pose à chacune et à chacun d'entre nous, et d'abord naturellement à vous, madame la ministre, et au Gouvernement, est la suivante : si un attentat avait lieu demain dans ces conditions-là, serions-nous capables de faire comprendre aux Français que nous n'avons pas tenté de prendre toutes les précautions ?
Je ne crois pas que l'on peut « arrêter » le terrorisme, madame Fiat, je crois que l'on doit lutter contre, malheureusement pour longtemps, sans basculer d'un monde à l'autre comme les terroristes le souhaiteraient, mais sans non plus refuser des mesures de sécurité raisonnables, non intrusives et, soyons clairs, qui ne s'appliqueraient pas aux millions d'enseignants, mais à ceux qui seraient signalés par leur hiérarchie, cette dernière se trouvant aujourd'hui impuissante à cause de l'insuffisance du processus disciplinaire à prévenir ce type de dérives.