… alors même que d'autres délinquants, portant de grands noms ou ayant détourné beaucoup d'argent, s'en tirent avec des peines très légères.
À l'évidence, si nous voulions remettre d'équilibre le pays et rétablir ce puissant sentiment de justice, il faut non pas jeter tout le monde en prison – tel n'est pas le sens de mon propos, qui ne vise pas à affirmer qu'il faut jeter les délinquants en col blanc en prison, ce qui pourtant ne leur ferait parfois pas de mal – mais rappeler qu'il est indispensable de viser à introduire une forme d'égalité dans la justice. Il n'est pas possible de laisser perdurer le sentiment que tel n'est pas le cas.
Mes chers collègues, souvenez-vous que seules quelques voix ont manqué pour faire tomber le projet de loi – cinq ! Certains d'entre nous s'en mordent les doigts. Nous aurions mieux fait d'être là ce soir-là – moi, j'étais là.
Le doute est permis quand le projet est illégitime. Il y a eu des abstentions dans la majorité, y compris au sein du groupe La République en marche. Ne nous laissons pas cantonner, comme le souhaite le Gouvernement, au rôle de chambre d'enregistrement sans conséquence, ou d'emmerdement temporaire, comme je l'ai dit plus trivialement tout à l'heure.
Cette semaine, notre rôle de législateur est aussi de sauver le soldat Justice. Je parle des humains qui la rendent, mais aussi des humains pour qui elle est rendue. Je conclurai sur ces mots de Proudhon que je me permets de sortir de leur contexte : « La justice est humaine, tout humaine, rien qu'humaine ».