Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mardi 29 janvier 2019 à 21h45
Prévention et sanction des violences lors des manifestations — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Monsieur le ministre, vous dites que la présente proposition de loi n'est pas un texte de circonstance, de communication. Pourtant, tout montre que c'est bien le cas. On pensait qu'avec l'arrivée du nouveau monde, on allait en finir avec cette très mauvaise habitude qui consiste à faire des lois au gré des événements ou au moindre soubresaut médiatique. Ces lois « de l'instant », élaborées dans l'instant, nous en avons eu quelques-unes dans un passé récent ; elles se sont le plus souvent révélées inutiles.

Vous dites que ce n'est pas une « loi gilets jaunes ». Dont acte – mais dans ce cas, pourquoi légiférer dans l'urgence ? Vous répondez qu'il convient de répondre à une situation inédite car, depuis la mi-novembre, on vit des situations de violence dans les manifestations de gilets jaunes. Ce n'est donc pas une loi gilets jaunes, mais il faut tout de même légiférer en urgence pour répondre à la crise…

Je crois que ce texte a surtout pour objectif de faire l'impasse sur la gestion politique désastreuse par le Gouvernement du mouvement social que connaît notre pays depuis novembre dernier. Dans un premier temps, le Gouvernement a traité le mouvement avec indifférence, puis vous l'avez minoré, puis certains membres du Gouvernement ou de la majorité se sont autorisés à le moquer, puis vous l'avez traité avec condescendance, puis vous avez joué la stratégie de la tension, en pensant que le climat de violence allait faire perdre au mouvement le soutien massif du peuple français, mais il n'en a rien été : aujourd'hui encore, une majorité de Français soutiennent les revendications du mouvement des gilets jaunes, notamment celles portant sur la justice sociale.

Après plus de deux mois de gestion politique chaotique du mouvement populaire, le bilan est désastreux : onze morts, des milliers de blessés de part et d'autre, des mutilés, des policiers épuisés, envoyés à l'affrontement, et un lien de confiance étiolé entre la population et les forces de l'ordre. Franchement, je m'interroge. Je ne sais pas si nous sommes nombreux ici à avoir vécu de près les émeutes urbaines de 2005, mais avec une telle organisation du maintien de l'ordre, avec une gestion aussi chaotique, combien de victimes aurions-nous eu à déplorer lors de ces émeutes, qui furent, je le rappelle, bien plus violentes, et souvent dirigées directement contre la police, du fait de l'origine des tensions ?

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