Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
La semaine dernière, l'aviation française a attaqué des colonnes de pick-up dans le nord du Tchad. Parallèlement, vous nous avez informés que le Gouvernement avait décidé de faire intervenir nos forces armées au Tchad contre des groupes armés venus de Libye, en réponse à une demande d'assistance adressée par les autorités tchadiennes.
On le sait, les pays du Sahel sont confrontés à des menaces sans précédent, marquées par la montée du terrorisme, qui attise désormais les affrontements intercommunautaires dans certains pays. Dans ce contexte, les États du Sahel ont dû renforcer leurs forces de sécurité, au prix d'une baisse des budgets civils. Ils ont aussi mutualisé un certain nombre de capacités au sein de la force du G5 Sahel, avec l'appui de leurs partenaires.
Malgré ces efforts, les besoins des armées nationales restent insatisfaits, ce qui les place dans une situation précaire. Parallèlement, la jeunesse sahélienne, confrontée à l'absence de perspectives socio-économiques et au recul des services publics, perçoit de plus en plus les trafics et le terrorisme comme une source alternative d'espoir de vie.
L'ensemble des défis auxquels sont confrontés les États de la sous-région ont fait l'objet d'une mobilisation collective exceptionnelle de la part des États du Sahel, à travers la création du G5 Sahel, puis d'une force militaire conjointe. Cette force doit permettre d'assurer à terme la sécurité dans la région, en liaison avec les forces armées nationales.
Avec l'intervention unilatérale de la France au Tchad la semaine passée, on ne peut que constater que les moyens ne sont pas encore au rendez-vous. C'est pourquoi le groupe Libertés et territoires va demander l'organisation d'un débat sur le sujet devant notre assemblée.
En attendant celui-ci, pourriez-vous, monsieur le Premier ministre, nous dire si cette opération militaire marque un changement de doctrine dans l'emploi de la force à l'extérieur ou s'il s'agit de pallier le retard pris dans la mise en oeuvre de la force militaire conjointe voulue par la France dans les pays du Sahel ?