Nous aurons l'occasion de nous interroger sur les modalités pratiques de l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire. Vous citez souvent des exemples étrangers mais, en l'occurrence, ils vont dans l'autre sens ; peut-être nous vanterons-nous d'être les premiers mais mieux vaudrait se demander pourquoi !
En pratique, en effet, une telle disposition ne tient aucun compte du rythme d'évolution des enfants. Nous proposerons l'âge de cinq ans par des amendements de repli – c'était d'ailleurs l'âge que proposait un des candidats à l'élection présidentielle, car c'est l'âge de l'éveil et de la curiosité. L'âge de trois ans, au contraire, est beaucoup moins compatible avec les contraintes liées à l'instruction obligatoire, en termes d'assiduité notamment.
La seule réponse à laquelle s'attendre est évidemment de nature idéologique : cette proposition figurait dans le programme socialiste, puisque la ministre de l'éducation, Najat Vallaud-Belkacem, la préconisait, et elle a été reprise dans le programme de Benoît Hamon et dans celui de Jean-Luc Mélenchon. Au fond, les socialistes en rêvaient et c'est vous qui le ferez. Nous avons sur l'éducation et sur le rôle de l'État, dont nous refusons la tutelle sur les familles, des conceptions radicalement différentes. Il n'y a dès lors que deux options et aucun juste milieu. À l'évidence, en assumant le choix de fixer à trois ans l'âge de l'instruction obligatoire, nous nous dirigeons vers la nationalisation, ou plutôt l'étatisation de l'éducation dans toutes ses composantes. Si l'âge est fixé à trois ans aujourd'hui, pourquoi pas deux ans un jour, voire un an, voire dès la naissance ? Aucun argument ne justifie le choix de l'âge de trois ans.