Madame la ministre, vous avez pointé, dans votre intervention, l'amélioration sensible de la situation de notre industrie ; acceptons-en l'augure, même si une hirondelle ne fait pas le printemps. L'économie française est en panne, elle éprouve de réelles difficultés à suivre le rythme de nos partenaires les plus dynamiques.
Avec un taux de croissance du PIB inférieur à celui de l'Union européenne, notre pays éprouve les plus grandes difficultés à réduire le taux de chômage. Notre dette publique est égale au PIB, alors qu'en Allemagne elle est de 75 %. Le déficit de notre commerce extérieur est abyssal, il dépasse les 60 milliards d'euros. Les dépenses sociales, vous l'avez rappelé, représentent 31,5 % du PIB, contre 25 % en Allemagne, et la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est de 21 %.
Notre pays est hyper-administré, ce qui est source de coûts et de lourdeurs administratives, et paralyse le fonctionnement des entreprises Le taux des prélèvements obligatoires et de 47,7 % du PIB, alors que la moyenne européenne est de 40 %.
Les causes du déclin de notre économie mettent en évidence trois choses : un taux d'activité largement insuffisant, une désindustrialisation grave, un retard considérable en matière de robotisation. Six millions de personnes travaillaient dans l'industrie en 1975, elles n'étaient plus que 2,8 millions en 2016. Notre industrie, vous l'avez dit, contribue à hauteur de 11 % au PIB, contre 23 % en Allemagne.
Les causes de la désindustrialisation sont de trois ordres : des charges fiscales trop lourdes, un code du travail contraignant – même si les choses se sont améliorées récemment – et la difficulté à aborder la mondialisation.
Ce décrochage industriel continue de faire des dégâts au quotidien. Les nuages s'amoncellent sur le territoire, et en particulier sur les territoires ruraux ; je vous citerai deux exemples. Le premier concerne un groupe à capitaux allemands, Nicolas Industrie, présent depuis un siècle dans le département de l'Yonne, et spécialisé dans la fabrication de véhicules de transport lourds. Ce groupe est en train de mettre en place un plan de restructuration ; 72 emplois sur les 113 que compte l'entreprise seront supprimés. La production sera transférée en Allemagne, à la suite de la décision de ne plus honorer une commande destinée à l'Arabie Saoudite. Nous sommes-là face aux conséquences des décisions européennes.
Second exemple : un amendement à la loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (ÉGALIM) vise à interdire l'usage de certains ustensiles composés de plastique à usage unique. Avons-nous vraiment réfléchi aux conséquences qu'aura cette interdiction sur l'activité de certaines entreprises ?