Intervention de Gilbert Collard

Séance en hémicycle du mercredi 18 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Collard :

Madame la présidente, ce budget a été longuement évoqué et critiqué. Pour moi, il se résume en une formule : c'est le requiem des pauvres et l'alléluia des riches !

C'est un budget injuste. Malheureusement, son injustice éclate sous le regard de 9 millions de pauvres. Tous les arguments qui pourront être développés ne changeront rien au fait que ce budget creuse les inégalités.

En outre, c'est un budget déséquilibré : le déficit de l'État s'aggrave, passant de 76,5 milliards d'euros à 82,9 milliards.

C'est également un budget de soumission : on s'incline, une fois de plus, devant l'Union européenne ; on est dans les clous avec lesquels l'Union européenne nous cloue. Nous avons vu le Premier ministre revenir satisfait de Bruxelles, après y avoir présenté son budget. Où est la souveraineté de la France ?

On engraisse le budget de l'Union européenne – notre contribution atteint 20,2 milliards d'euros et elle sera de 23,3 milliards en 2019. On oublie – c'est une anecdote au sens où la philosophie grecque l'entendait, c'est-à-dire signifiant d'une totalité – qu'entre janvier et février 2016, vingt-huit commissaires européens ont dépensé 500 000 euros en déplacements. Et on continue d'abreuver ce budget.

Enfin, et c'est ce qui me paraît le plus grave, c'est hélas ! un budget de préférence de classe, un budget qui témoigne du choix délibéré de favoriser la classe des riches. De ce point de vue, la suppression de l'ISF au profit d'une fiscalité immobilière uniquement est un aveu : désormais, on va tout faire pour favoriser la spéculation, avantager les placements financiers et donner toute latitude d'action à l'économie boursière et spéculative.

Je me plais à le répéter, 7 000 opérations boursières peuvent être effectuées d'un seul clic. La France est la championne du monde et d'Europe des dividendes. On nous dit que les exilés fiscaux vont revenir et abonder l'économie française. Mais quelles garanties avons-nous quant à la réorientation de cette épargne ? Quels liens peut-on démontrer entre les placements financiers et l'innovation d'entreprise ?

On est en train de faire passer des personnages de Zola pour des anges de la finance. On se moque de nous. On veut nous faire croire que tous ces braves gens qui vont revenir – Omar Sy, Renaud, Yannick Noah, Florent Pagny, Emmanuelle Béart – , tous ces exilés fiscaux, vont d'un seul coup abonder notre économie.

En réalité, vous faites le choix de l'économie boursière, de la finance visible et invisible. Ce choix est terrible, il est accablant.

Les pauvres et les très pauvres, qui vont subir le choc des APL, comme les retraités, qui vont supporter le choc de la CSG, n'auront que deux consolations : la première est de voir revenir les exilés – Omar Sy, avec tout son argent, tous ces braves gens qui vont investir dans l'économie. Seconde consolation, sur le pas de leur porte – s'ils en ont un – , ils pourront voir, malgré les surtaxes imprécises qui ont été décrétées, rouler les Ferrari, galoper les chevaux, briller les lingots et flotter les yachts. Il paraît que certains yachts sont équipés de chutes d'eau à l'arrière : ils connaîtront ainsi votre ruissellement...

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