Je prends la parole au nom du groupe Libertés et Territoires pour vous dire, madame, que c'est un honneur pour moi de pouvoir saluer la Première ministre d'une nation celte. Je fais moi-même partie d'une autre nation celte, la Bretagne. Dans le concert des États européens, les petits pays qui veulent vivre ne sont-ils pas l'avenir quand on voit de grands pays se racornir sur leurs prérogatives, voire enfermer des gens qui veulent l'indépendance, alors que le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes est l'un des droits de l'homme ? J'ai évidemment à l'esprit la Catalogne, puisqu'un procès commence à Madrid où ce qui est jugé relève pour une bonne part du délit d'opinion. De grands États ne parviennent pas à gérer leur diversité, et la France ne fait pas exception ; ainsi, les Bretons ne sont pas reconnus comme une minorité : cela n'existe pas dans l'ordre légal français. Pourtant, je suis bel et bien membre de cette minorité et je le revendique. Dans ce contexte, j'ai le sentiment que l'Écosse montre la voie, dans une Union européenne qui a du mal à se faire et dont certains membres – la Pologne, la Hongrie, l'Italie – ont pour doctrine l'exclusion. Au contraire, les petits pays tels que la Catalogne ou l'Écosse sont, eux, ouverts à un idéal européen, à une Europe véritable.
Les conséquences du Brexit seront capitales pour l'Union, qui peut en être changée. S'il se fait sans accord, les Écossais pourraient vouloir quitter le Royaume-Uni, auquel cas le nationalisme anglais aurait finalement tué le Royaume-Uni. Comptez-vous demander un deuxième référendum pour pouvoir sortir du Royaume-Uni et rester dans l'Union ? La question importe d'autant plus au Breton que je suis que nos zones de pêche sont situées au Nord-Ouest de l'Écosse.