Demandez aux personnels ce qui se passe : dans la foulée de l'élection de Jair Bolsonaro au Brésil, 100 000 fonctionnaires ont sauté ! Demandez combien de milliers de fonctionnaires sous contrat sautent en Italie, parce qu'il n'y a pas de statut ni de garantie de la continuité de service public !
Bref, s'attaquer au statut, c'est permettre aux Bolsonaro ou aux Salvini qui risquent demain d'être aux responsabilités – ce que je ne souhaite pas – de disposer d'une administration à leur main. Il ne faut pas considérer ces questions sous l'angle de l'immédiateté, de la réalité politique d'aujourd'hui, mais évaluer l'impact que pourrait avoir cette loi sur la continuité du service public.
S'ajoutent à cela les perspectives qu'offre cet article en matière de pantouflage et de rétro-pantouflage, d'allers et retours entre le public et le privé, notamment pour exercer des fonctions de direction dans les administrations ou les collectivités, permettant à des personnes venues du privé de se construire des réseaux d'influence avant de retourner dans le privé pour y vendre non pas une compétence, mais un carnet d'adresses. J'y vois un immense danger pour l'avenir de notre fonction publique, pour sa probité et pour la continuité du service public, que seul le statut garantit.
À vouloir absolument organiser la mainmise du secteur privé sur notre fonction publique, vous mettez en danger la continuité démocratique lors des futures alternances, perspective qu'on ne peut pas écarter d'un revers de main dans les années qui viennent. Par ailleurs, vous ouvrez la porte à des phénomènes massifs de rétro-pantouflage et de corruption dans notre fonction publique, jusqu'ici relativement épargnée par rapport à d'autres.