Intervention de Denis Sommer

Séance en hémicycle du mardi 11 juin 2019 à 15h00
Mobilités — Article 26 aa

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Sommer :

Madame la ministre, monsieur le rapporteur, je crois bien évidemment à votre sincérité lorsque vous dites votre souci d'accompagner la filière et les entreprises – dont certaines sont, du reste, déjà identifiées – qui pourraient vivre durement les mutations à venir.

Vous avez également cité quelques actions importantes pour l'avenir de la filière, dans des domaines très spécifiques, par exemple les produits ou les processus. Elles témoignent de votre volonté de faire en sorte que ces transitions soient aussi douces que possible.

J'ai lu comme vous le contrat stratégique de la filière automobile. Il porte sur deux sujets, et il en est un que nous ne devons pas oublier : la numérisation et l'automatisation des processus. De fait, les processus industriels que nous connaissons seront révolutionnés dans la période qui vient. Les automatismes, qui ont encore une part marginale dans certains secteurs, notamment dans les usines de montage, se généraliseront à l'ensemble des processus.

Le premier impact sera sur l'emploi, d'où la nécessité de former et d'accompagner les salariés. Cet effet se conjuguera avec celui de l'évolution des produits eux-mêmes. En effet, comme l'a évoqué tout à l'heure Frédéric Barbier, la valeur ajoutée créée lors de la fabrication d'un véhicule électrique n'est pas du tout de même nature que celle qui l'est lors de la construction d'un véhicule thermique. Je ne veux pas dire par là que je regrette l'ancien monde – là n'est pas la question – , mais on mesure bien ce que peut être l'impact de ces deux évolutions conjuguées sur l'usine du futur et sur l'évolution des produits.

Troisième élément : la filière automobile est certainement l'une de celles qui se sont le plus internationalisées au cours des vingt-cinq ou trente dernières années. Cela signifie que certains choix industriels pourront être faits au détriment de la France et que l'on pourra continuer à favoriser les mécanismes qui ont prévalu au cours des dernières années.

Sans vouloir faire de procès d'intention à quiconque, je sais, en tant que rapporteur de la mission d'information sur les relations entre les grands donneurs d'ordre et les sous-traitants dans les filières industrielles, que certains donneurs d'ordre – il ne s'agit d'ailleurs pas nécessairement des constructeurs automobiles – demandent à leurs sous-traitants de les accompagner, notamment en Europe de l'Est, non pas tant pour produire des sous-ensembles à installer sur place que pour réintroduire ensuite des pièces sur le marché français. Voilà les pratiques et les évolutions auxquelles nous sommes confrontés !

Nous avons donc besoin d'un plan stratégique pour la filière. En effet, ces mutations ne seront réussies que si nous sommes en mesure de créer la confiance et de mobiliser les salariés sur les objectifs que nous nous fixions en matière climatique. Il ne suffira pas – et je ne le dis nullement pour dénigrer ce que vous faites – d'énumérer des réalisations en disant qu'on a, ici, fait intervenir Bpifrance et qu'on a, ailleurs, travaillé avec la région sur un plan de formation ; il s'agit d'établir un plan global de développement et de mutation de notre filière automobile.

Peu importe que nous le fassions dans la loi ou non, mais il faut faire ce travail. Nous devons mettre en cohérence nos objectifs tant dans la programmation pluriannuelle de l'énergie que dans le projet de loi relatif à l'énergie et au climat – le discours du Premier ministre devant le Conseil national de l'industrie était, de ce point de vue, très intéressant.

Nous sommes certes dans une économie de marché, mais, si nous laissons le marché faire tout seul, nous n'en sortirons pas gagnants. Nous avons besoin non seulement de régulation, mais aussi que l'État nous dise la vision qu'il veut promouvoir pour l'ensemble de la filière, pour l'emploi et pour la réussite de nos objectifs en matière climatique.

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