Le Bénin, ce pays de l'Afrique de l'Ouest bien connu pour son modèle démocratique exemplaire, connaît des soubresauts politiques qui ont défrayé la chronique dans les organes de presse. Sous prétexte de réformes institutionnelles, c'est à une véritable chasse aux opposants à laquelle on assiste : les uns après les autres, les nombreux acquis sociaux obtenus lors de la Conférence nationale de février 1990 sont supprimés, alors que cette conférence historique avait ouvert la voie à la démocratie dans plusieurs pays d'Afrique, après tant d'années de parti unique. En avril dernier étaient organisées des élections législatives dont avaient été exclus les partis d'opposition. Malgré les nombreux appels au dialogue et les médiations internationales, le scrutin du 28 avril dernier a été maintenu ! Le mécontentement du peuple s'est traduit par un taux d'abstention record avoisinant 80 %. Cela n'a pas empêché la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats, répartissant les quatre-vingt-trois sièges de député entre les deux partis du Président. Des manifestations d'une violence jamais connue au Bénin ont alors envahi le pays ; pour endiguer la contestation, l'armée a tiré à balles réelles sur les manifestants, occasionnant une dizaine de morts et de nombreux blessés.
C'est dans ce climat de peur et de terreur que, le 1er mai, deux de nos compatriotes étaient pris en otage par des djihadistes au nord-ouest du Bénin : chacun de nous se souviendra que lors de l'opération de sauvetage, deux de nos soldats, officiers mariniers, membres du prestigieux commando Hubert ont perdu la vie, Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello.