c'est à dire « comme le bec nous est poussé », parler alsacien est progressivement devenu une honte.
Je suis né en 1990, dans mon village, je fais partie des rares classards dont la langue maternelle est encore l'alsacien et qui aient appris le français à l'école de la République. Cela me conduit à affirmer avec conviction que l'alsacien n'est pas une langue publique. C'est la langue de l'intime, celle de la cellule familiale, celle que l'on parle au bistrot ou à l'atelier. En public, on parle français et ce caractère permet peut-être aussi certaines nuances en alsacien qui n'existent pas dans la langue de Molière. Cette langue est aussi le vecteur de transmission de traditions comme la satire rhénane qui n'épargne pas les politiques à la saison des carnavals.
Toute l'histoire de l'Alsace mais aussi tout son avenir se construisent dans sa capacité à tisser des liens avec les territoires voisins.
Ce texte confère à la future collectivité européenne d'Alsace compétence pour créer un schéma alsacien de la coopération transfrontalière. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce débat au cours de la discussion. Je tiens néanmoins à casser une idée reçue : l'Alsace ne regarde pas uniquement vers l'Est. Elle a toujours été ouverte à 360 degrés et entend le rester. Ainsi, lorsque le Territoire de Belfort a sollicité le département du Haut-Rhin, cher Éric Straumann, afin de réaménager plusieurs intersections routières afin de faciliter l'accès au Rhin des turbines électriques produites par General Electric à Belfort, cela a pris moins d'un an entre la délibération des conseils départementaux et la réception des travaux.
Malheureusement cet effort des collectivités alsaciennes et locales n'aura pas suffi à stopper l'entreprise de démantèlement de ce joyau de l'industrie française menée par Emmanuel Macron alors conseiller aux affaires économiques de François Hollande.