Pour ne parler que de cela, il nous semble que faire se croiser des milliers de tonnes de produits au-dessus de l'Atlantique est peu conforme à l'esprit du développement durable. Est-il vraiment utile d'envoyer des milliers de tonnes d'un produit pour recevoir, en retour, des milliers de tonnes d'un produit identique ? C'est une question à se poser.
Plus largement, à travers ces accords, quel monde sommes-nous en train de bâtir ? CETA, accords avec la Nouvelle-Zélande, le Japon, le MERCOSUR : cette série de traités ne fait que conforter les décisions de l'OMC. Chaque fois, des entreprises et des secteurs sont bénéficiaires au détriment d'autres entreprises et d'autres secteurs.
La concurrence observée entre pays aux standards sociaux inégaux devient de plus en plus frontale. Le résultat, nous le voyons sous nos yeux : l'agriculture, qui employait un tiers de la population active après la guerre, n'en représente plus que 1,5 % ; la part de l'industrie dans la valeur ajoutée, qui était de 28 % il y a cinquante ans, a été réduite à 14 %. Et les ravages continuent.
Dans les faits et dans l'esprit, l'ouverture est certes positive quand elle n'est pas débridée ; elle doit être maîtrisée, à l'évidence. Nous avons une priorité, qui est d'unifier l'Europe : efforçons-nous de créer un modèle économique, social, démocratique et fiscal commun à l'échelle du continent, capable de créer un bloc concurrentiel. Voilà qui est plus urgent que cette ouverture tous azimuts. Le groupe Libertés et territoires votera donc, vous l'avez compris, pour la motion d'ajournement.