Il faut reconnaître que Jean-Louis Touraine est cohérent. Ce qui m'inquiète, c'est l'avis favorable du Gouvernement. Ce que nous voyons là, c'est une conception de la personne humaine qui amène la fusion de deux grands monstres : le marché d'une part, et l'État d'autre part. Nous allons voir naître un supermarché, un hypermarché de la procréation : on va mener des études, dresser des profils, comme pour une publicité, pour savoir comment axer nos campagnes. Et l'on voit bien les pressions, les intérêts financiers qui sont derrière. Quant à l'État, allié du marché, il devra faire les campagnes, il scrutera les citoyens, il les incitera… Rappelez-vous cet amendement que vous avez voté, disposant que les parents « sont incités » : mais jusqu'où peut aller l'incitation ? Jusqu'au totalitarisme de l'État ! Voilà ce que vous êtes en train de faire.
Que le Gouvernement ne se contente pas de dire qu'il comprend l'intention, qui est d'améliorer le processus, qu'il ne demande pas le retrait de l'amendement, qu'il envisage de l'inscrire dans la loi… Mais où va-t-on ! Vous êtes en train de franchir des lignes rouges qui amèneront des intrusions nouvelles, celles du marché, des intérêts, du fric, celle aussi de la puissance tutélaire de l'État, dans le domaine de la bioéthique où notre pays avait su rester une exception dont nous pouvions être fiers. Mais les citoyens vont se révolter, et vous diront, une nouvelle fois, de les laisser tranquilles !