Il paraît que la camomille a certaines vertus calmantes : je la recommande vivement ! Je comprends que certains collègues, dont la présence a été exigée spécifiquement sur ce thème afin que leur groupe soit majoritaire, puissent trouver ce débat pénible, mais ils devront le subir jusqu'au bout.
Reprenons : vous annoncez 100 créations de postes de magistrats pour l'année 2020 – nous sommes bien d'accord sur ce point, madame la garde des sceaux. Vous nous avez présenté, en commission des lois, la ventilation suivante : les 100 postes de magistrats créés incluent soixante-dix juges pour enfants et trente magistrats spécialisés dans la lutte contre la délinquance financière – soit aucun juge aux affaires familiales. Il n'est pas besoin d'avoir fait Saint-Cyr ou des études de comptabilité pour comprendre ce raisonnement purement mathématique.
Vous affirmez qu'en allouant des renforts aux juges pour enfants et à la lutte contre la délinquance financière, par le jeu d'un mécanisme de réorganisation interne, les juges aux affaires familiales auront moins de dossiers à traiter et pourront se concentrer sur les ordonnances de protection. Qui pensez-vous convaincre avec de tels arguments ? Rendez-vous au tribunal de grande instance de Lille pour tenter d'expliquer aux juges des affaires familiales qu'ils auront moins de travail à l'avenir ! Je vous mets au défi de leur faire cette démonstration. Personnellement, je n'en suis pas capable.
Je pourrais, il est vrai, contester le raisonnement de mes collègues siégeant sur les bancs de la droite selon lequel il faudra bien « trouver le pognon » quelque part. Je pense par exemple qu'on pourrait le trouver en ne construisant pas 7 000 places de prison supplémentaires – à moins qu'ils en souhaitent 6 000 ou 5 000, peu importe.