Mireille Knoll, Sarah Halimi, les victimes de l'Hyper Cacher, les enfants de l'école Ozar Hatorah de Toulouse, Ilan Halimi : autant de noms et de visages, sinistre litanie d'êtres chers brutalement arrachés à l'affection des leurs par une violence, une haine barbare : la haine des juifs.
Ces dernières années, en France, onze personnes ont été tuées parce qu'elles étaient juives. Au quotidien, cette expression terrible et ignoble de la haine envers autrui se nourrit de diverses sources idéologiques et historiques. Elle s'exerce dans l'insulte, les propos haineux et la menace contre le passant, l'enfant qui porte la kippa ou encore l'intellectuel dénoncé comme juif dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Elle s'exerce dans les théories du complot, les atteintes aux biens, les dégradations, les profanations de lieux de culte et de cimetières – malheureusement, elle s'est encore exprimée aujourd'hui dans le Bas-Rhin.
En France, l'antisémitisme harcèle, agresse ; il a torturé, il a tué. Nous le pensions vaincu au lendemain de la seconde guerre mondiale, mais il n'en est rien. Les chiffres, glaçants, sont connus : les actes antisémites ont augmenté de plus de 74 % en France en 2018. Tel est le triste bilan dressé par les statistiques officielles du ministère de l'intérieur et par la Commission nationale consultative des droits de l'homme. Il y a fort à parier que lorsque les chiffres officiels paraîtront, ils ne montreront pas une décrue des actes antisémites en 2019.
Objet d'une mobilisation politique permanente, y compris dans notre hémicycle, la lutte contre l'antisémitisme doit nous préoccuper et, tous, nous engager. La présente proposition de résolution, soutenue de manière transpartisane, dès les premières étapes de sa rédaction, par tous les membres du groupe d'études de l'Assemblée consacré à l'antisémitisme, contribue à la mobilisation collective qui doit être la nôtre, qui doit être celle de la représentation nationale.
Si nous sommes aujourd'hui confrontés à une résurgence de l'antisémitisme, en France comme ailleurs en Europe, c'est l'honneur de l'Assemblée nationale de dire la vérité, de regarder les choses en face et de mettre des mots sur les maux.