Les perceptions évoluent, comme, hélas ! notre politique étrangère : ceux-là mêmes qui exprimaient compassion et pitié pour les juifs en pyjamas rayés se mettent à les haïr quand ils se défendent libres, les armes à la main, en uniforme de Tsahal ! C'est le début du nouvel antisémitisme, l'antisionisme.
L'antisionisme n'a jamais été la simple critique de la politique de l'État d'Israël, qui peut être légitime : il est sa diabolisation obsessionnelle, le détournement des rhétoriques antiracistes et anticolonialistes pour refuser aux juifs une identité nationale. Par ce biais, on drape l'antisémitisme d'une parure politiquement correcte.
Souvenez-vous : dès les années 1970, des juifs français sont assassinés au nom de la haine d'Israël ! En juin 1976, un vol d'Air France reliant Tel-Aviv à Paris a été détourné vers Entebbe par des terroristes palestiniens et des activistes allemands d'extrême gauche, qui ont séparé les passagers : les juifs ont été gardés en otages, tandis que les non-juifs ont été libérés. Le commandant de bord Michel Bacos – décédé en 2019 – a sauvé l'honneur de la France en refusant d'abandonner les passagers juifs, mais ce fut un commando israélien qui dut parcourir 3 000 kilomètres pour libérer nos otages. Il était mené par le lieutenant-colonel Yoni Netanyahu – frère de Benyamin – , qui est mort, à 27 ans, pour libérer nos otages !
Le 3 octobre 1980, à Paris, l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic a fait quatre morts et quarante-six blessés. Je vous laisse méditer ce commentaire du Premier ministre Raymond Barre, qui a évoqué un « attentat odieux qui voulait frapper les Israélites qui se rendaient à la synagogue et qui a frappé des Français innocents [… ] ».
En août 1982, à Paris encore, l'attentat de la rue des Rosiers, perpétré en plein quartier juif par des Palestiniens au nom de la haine d'Israël, a fait six morts. Pour l'antisioniste, l'équation est simple : Israël égale colonisation, égale sioniste, égale Juif.
Le nouvel antisémitisme, chers collègues, prospère sur fond de détestation d'Israël, d'islamisme et de théories du complot. Dans les territoires perdus de la République, l'antisémitisme fait partie intégrante d'une contre-culture communautariste qui rejette la France, la République et la laïcité. On siffle la Marseillaise et les minutes de silence, on se dit « plus Kouachi que Charlie », on refuse d'étudier la Shoah, et « juif » est une insulte avant que ce ne soit au tour de « français ».
Je ne me tairai pas sous prétexte de ne pas faire d'amalgame. On a d'abord tué des juifs, puis des policiers et des journalistes avant de tuer des Français sans distinction. Je suis inquiet pour les juifs, mais surtout pour la France.
Un signe ne trompe pas : la diabolisation du juif et d'Israël est devenue le signe de ralliement de tous ceux qui vomissent le système. Dois-je vous rappeler les slogans de certains gilets jaunes – « Macron égale Rothschild égale Sion », « Macron, pute à juifs ! » – et les insultes adressées à Alain Finkielkraut – « sale sioniste ! », « retourne à Tel-Aviv ! », « sale race ! » ?
J'accuse une partie de la gauche d'attiser la haine d'Israël pour séduire l'électorat des quartiers.