Tout d'abord, en effet, celle-ci fait un amalgame persistant entre antisionisme et antisémitisme, malgré le remaniement de l'exposé des motifs par M. Maillard. Cet amalgame se situe dans la droite ligne des propos du Président Macron faisant de l'antisionisme une forme moderne de l'antisémitisme. Ainsi, selon l'exposé des motifs de cette proposition de résolution, « critiquer l'existence même d'Israël en tant qu'elle constitue une collectivité composée de citoyens juifs revient à exprimer une haine à l'égard de la communauté juive dans son ensemble ».
Notons déjà qu'il s'agit là d'un postulat plus que discutable : Israël n'est pas une collectivité exclusivement composée de juifs puisque, selon le bureau central des statistiques israélien, le pourcentage d'arabes et de chrétiens devrait se maintenir autour de 20 % jusqu'en 2065.
Notons également qu'adhérer à ce postulat, c'est prendre pour argent comptant la loi « Israël, État-nation du peuple juif » de 2018. Or cette loi organique, qui a suscité des controverses passionnées au sein même de la société israélienne, obéit à une approche qui peut être qualifiée d'ethniciste, et donc contraire tant aux valeurs de notre République qu'à l'esprit fondateur de l'État d'Israël.
Mais, au-delà de ce postulat litigieux, l'amalgame entre antisémitisme et antisionisme est injurieux à l'égard de nombreux juifs, et même de certains Israéliens qui, pour diverses raisons, ne sont pas sionistes : raisons religieuses pour certaines franges orthodoxes, politiques pour ceux qui récusent la notion même d'État-nation ou réagissent au nom de la lutte anticolonialiste, ou culturelles pour ceux qui souhaitent tout bonnement vivre tranquillement parmi leurs concitoyens, sans songer une seconde à une improbable alyah.