Que dit la proposition de résolution face à cela ? Rien ! Elle indique que l'antisionisme est une forme contemporaine de l'antisémitisme sans jamais le définir précisément. La définition de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste n'est guère plus éclairante, sauf à prendre en considération les exemples qui y sont attachés et lui servent de guide. Or ces exemples sont extrêmement dangereux car ils laissent penser que certaines critiques de l'État israélien sont assimilables à de l'antisémitisme. Une résolution qui crée du flou sur l'objet qu'elle est censée clarifier n'est pas bonne. Voilà une autre raison de ne pas voter ce texte.
Ce brouillage qui n'est opéré qu'à des fins politiciennes nuit à la vraie lutte contre l'antisémitisme. Comment ne pas voir qu'une telle confusion ouvrirait la porte à des détournements, comme celui qui a conduit, en novembre 2015, le Premier ministre israélien à qualifier d'antisémite la note interprétative de la Commission européenne qui proposait l'instauration d'un étiquetage spécifique pour les produits issus de colonies israéliennes en Palestine ? Cette limitation de la liberté d'opinion, à travers l'assimilation de la critique d'Israël à de l'antisémitisme, n'est pas acceptable et fournit aux députés communistes une raison supplémentaire de ne pas voter cette résolution.
Si la majorité votait cette résolution, il pourrait advenir ce qui s'est passé plusieurs dizaines de fois au Royaume-Uni et en Allemagne, où des universités ou des associations ont renoncé à organiser des débats sur le thème de la colonisation par crainte d'être accusées d'antisémitisme. Des municipalités qui ont adopté cette définition s'en servent maintenant pour qualifier d'antisémites les groupes de défense des Palestiniens.