Avant d'en venir sur le fond aux mesures que contient ce texte, comment ne pas évoquer la situation de ces hommes et femmes qui travaillent chaque jour pour que nous ayons dans nos assiettes des produits sûrs et de grande qualité ? Les suicides d'agriculteurs continuent – de l'ordre d'un tous les jours ou tous les deux jours selon les sources – dans l'indifférence indigne de notre pays. Privés de soutien public efficace, dépouillés du fruit de leur travail par les industriels et la grande distribution, broyés par les traités de libre-échange, les agriculteurs payent un lourd tribut du fait de décennies de choix politiques idéologiques.
Le rapport d'information sur la place de l'agriculture française sur les marchés mondiaux, que notre collègue sénateur Laurent Duplomb a rendu avant l'été, dresse un panorama peu reluisant du secteur. Il explique que la production française stagne en volume alors que celle de ses concurrents augmente, que « l'excédent commercial agricole risque de disparaître si la tendance actuelle se poursuit », enfin que les importations de produits agricoles et alimentaires augmentent – de 87 % en moins de vingt ans, excusez du peu ! – alors qu'elles ne respectent pas systématiquement les normes de production exigées en France.
Du fait de la réforme en cours de la politique agricole commune, la situation a de fortes chances de devenir dramatiquement incontrôlable puisqu'en matière agricole – ne soyons pas dupes – , ce n'est malheureusement plus Paris qui décide, mais Bruxelles.