Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du jeudi 12 décembre 2019 à 9h00
Reconnaissance du crime d'écocide — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Les débats de ce jour, proposés par le groupe Socialistes et apparentés, nous permettent de réfléchir à des sujets cruciaux de notre temps, et de le faire – même si cela chauffe un peu de temps en temps, ce qui est normal en démocratie – à froid, si j'ose dire, s'agissant de situations très préoccupantes.

Le sujet que nous abordons ici en fait partie. Je reprendrai l'expression employée par notre collègue du groupe MODEM : oui, il faut changer de paradigme. J'en suis intimement convaincu. S'agissant de l'approche écologique du réchauffement de la planète, nous souffrons, me semble-t-il, d'une certaine hystérisation du débat. Nous ne cessons de cliver l'opinion publique, créant in fine un contexte de peur, voire de terreur, parmi ceux qui n'y sont strictement pour rien, mais qui ont le malheur de suivre les journaux télévisés – ou toute autre source d'information – et s'exclament « Mon Dieu ! » à leur vue.

Ce faisant, nous ne soignons pas le mal à la racine. Cher collègue Balanant, vous estimez que la présente proposition de loi est largement symbolique, mais la politique est affaire de symboles ! La politique est avant tout l'art de mettre en avant des symboles pour faire naître un rêve, un projet, un futur – tout ce qui nous fait tant défaut ! C'est pourquoi je voterai la proposition de loi.

Pourquoi – comme je le demande si souvent – ne pas prendre le mal à la racine ? Les sources d'énergie auxquelles nous recourons ne correspondent plus à notre époque. C'est fini. Il faut en finir avec le pétrole ! Il n'est qu'une cause de guerre et de ventes d'armes à des ennemis qui tirent sur nos amis, et parfois même sur nous.

Nous savons pourtant – du moins ceux qui s'intéressent à la question – que nous sommes prêts à passer à l'énergie solaire. Voyez les scientifiques de renom menant des recherches à ce sujet dans les instituts français et étrangers : nous pouvons le faire !

Depuis la mise en service du four solaire de Font-Romeu, il y a déjà cinquante ans, nous savons créer une énergie d'une puissance inouïe grâce à des verres kaléidoscopiques concentrant la lumière – solaire ou non – en un point. Nous avons les espaces pour bâtir les installations nécessaires.

Nous avons notamment la deuxième façade maritime au monde, et pour chaque kilomètre de façade maritime, nous en possédons quarante en mer. Nous pouvons donc agir sur un espace vaste comme la Chine ou l'Australie, ce qui n'est pas rien. Nous pourrions véritablement avancer en la matière.

Nous pourrions aussi avancer en matière de captation de l'énergie des marées, notamment en exploitant la différence de températures entre le fond de la mer et sa surface, qui est susceptible de produire de l'énergie à très grande échelle. J'ai proposé à plusieurs reprises la création d'une « autoroute de la mer », reliant les ports du nord de l'Europe – Rotterdam, par exemple – à Bilbao, et permettant de transporter les produits dangereux sur des bateaux sécurisés. J'ai formulé trois propositions qui sont de nature à limiter les risques en la matière.

Nous transportons les matières très dangereuses à flux tendus. Je ne pleurerai certes pas sur le sort de Vinci et de Total, d'autant moins que j'ai dit plus de mal de Total que vous n'en direz jamais au cours de vos vies tous ensemble réunis, car j'ai failli mourir à cause de cette entreprise. Aujourd'hui, j'ai pardonné, je n'en dis donc plus de mal, même si elle a payé le dixième de ce qu'elle aurait dû payer pour le naufrage de l'Erika – j'ai connu les gens chargé de négocier l'accord, mais passons.

J'estime qu'il faut voter le texte pour envoyer un signal, et soigner le mal à la racine.

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