Nous allons poursuivre nos auditions dans le cadre de la mission d'information sur l'incendie de Lubrizol à Rouen. Cette mission dont la création a été décidée en Conférence des présidents nous amène depuis plusieurs semaines à auditionner différents acteurs qui nous permettent d'avoir une meilleure compréhension de l'événement, de traiter la question de la gestion et de la communication de crise, mais aussi de faire un retour d'expérience pour que notre rapporteur puisse, dans son rapport, dégager des pistes de réflexion, de véritables perspectives.
Aujourd'hui, nous auditionnons deux universitaires, des chercheurs en géographie et en sociologie industrielle. L'un et l'autre ont écrit ou se sont fortement documentés sur les questions liées à l'urbanisme, au développement sur les différents territoires, et notamment sur une question essentielle et que nous nous posons immédiatement suite à un événement de cette nature : la cohabitation entre des sites industriels présentant un niveau de risque élevé, comme c'est le cas des sites Seveso, et un territoire urbain, c'est-à-dire un environnement habité qui les entoure. Pouvez-vous nous décrire cette situation ? Celle-ci n'est pas propre à la Métropole rouennaise, puisqu'il existe plus de 1 300 sites Seveso à travers la France dans des territoires très marqués, avec une empreinte industrielle assez forte, historique. Les entreprises, pour la plupart d'entre elles, sont arrivées avant les habitants, mais ce n'est pas toujours le cas. Pouvez-vous nous aider à bien comprendre ce phénomène dans le temps ?
Ma deuxième question concerne l'idée d'un rebond ou d'une opportunité du territoire. Nous avons beaucoup évoqué le préjudice d'image lorsque nous voyons diffuser très largement des images de cet incendie et de ses conséquences à la fois sur l'environnement et la santé des habitants. Ensuite, beaucoup de débats sont survenus et ils ne sont pas terminés. La preuve, notre travail se poursuit. Nous nous interrogeons sur la suite, sur les perspectives d'avenir. L'un comme l'autre, vous disposez de retours d'expérience concernant d'autres territoires qui ont pu connaître des événements importants ; on pense naturellement à Toulouse et à AZF. J'ai sous les yeux l'Atlas de la Vallée de Seine que M. Brennetot a réalisé. En tant que parlementaire de la Vallée de Seine, je suis assez sensible à ce territoire que l'on appelait la Basse Seine historiquement et qui a vu pendant des années s'installer des sites industriels conséquents, ce qui est une signature aujourd'hui de la zone. Comment pouvons-nous faire de cette situation une opportunité ? Il existe des territoires que nous identifions parfois à leur industrie. Quand on pense à l'agglomération de Toulouse, on pense automatiquement à Airbus. Que pouvons-nous faire à l'échelle de ce territoire ? Faut-il assumer cette signature industrielle avec la présence de ces risques ? Comment pouvons-nous en faire une opportunité ?