Le rapport de M. Jean-Martin Folz a largement pointé du doigt la perte de compétences généralisée résultant de l'absence de projets nucléaires en France depuis plusieurs années. Il a également souligné le relatif succès de l'EPR de Taishan, en Chine, du fait notamment de l'existence d'un véritable savoir-faire acquis grâce à la construction continue de centrales depuis vingt ans dans ce pays.
Outre la perte de compétences liée à l'« hiver nucléaire », il met en exergue celle liée au départ à la retraite de spécialistes et à des savoir-faire industriels trop longtemps inutilisés. En outre, les bureaux d'études seraient coupés des réalités du monde industriel « en émettant des spécifications irréalistes ou en tombant dans les excès de l'over-engineering ».
Le rapport note également une perte de professionnalisme et de savoir-faire chez les soudeurs, même lorsqu'il ne s'agit que de réaliser des soudures classiques. Ces problèmes de soudure ont d'ailleurs été à l'origine de nombreux incidents qui ont joué un rôle certain dans l'explosion des coûts de l'EPR de Flamanville ainsi que dans de nombreux retards enregistrés dans sa mise en service. Par conséquent, même si le nouveau mix énergétique nous engage à la réduction de la part du nucléaire, il nous faut néanmoins conserver et renouveler des compétences de pointe afin d'accompagner cette transition.
Le président d'EDF M. Jean-Bernard Lévy nous a présenté, fin décembre, le projet Excell qui entend répondre aux critiques formulées par ledit rapport, notamment quant à la perte de compétences généralisée. Il prévoit notamment la création d'une université des métiers du nucléaire et l'instauration de parcours croisés, ce qui me semble être une très bonne initiative, ainsi que la mise au point d'un outil de gestion des savoirs.
Comment accueillez-vous ce projet ? Quel rôle l'État peut-il jouer pour que la France retrouve un véritable savoir-faire en matière de nucléaire civil afin d'endiguer le déclin des dernières décennies et de retrouver les compétences requises ?
EDF souhaite également internaliser davantage certaines de ses activités. Comment l'État peut-il accompagner l'entreprise afin qu'elle atteigne tous ses objectifs ?