À la veille de l'examen de cette proposition de loi à l'initiative de notre groupe, 128 universitaires et chercheurs ont publié une tribune dans Le Monde, appelant à « ouvrir les fenêtres de la diversité » pour les langues régionales, « en danger pressant ». Or nous avons l'impression que le Gouvernement et sa majorité se contentent plutôt de les entrebâiller, tant la proposition de loi a été, malheureusement, vidée de sa substance. Des neuf articles initiaux, vous ne souhaitez en conserver que deux et, surtout, l'ensemble des mesures concernant l'enseignement des langues régionales, principal vecteur de transmission de ce patrimoine encore vivant, ont été supprimées, ce qui tombe particulièrement mal, monsieur le ministre, puisque, depuis des mois, je suis interpellée par les associations d'enseignants d'occitan sur les conséquences négatives de la réforme du bac sur l'enseignement des langues régionales au lycée.
Les 128 signataires de cette tribune estiment que le progrès fragile qui prévalait depuis cinquante ans a été mis à mal par la création d'un domaine de spécialité relatif aux langues régionales hyperspécialisé. L'État a porté volontairement un coup terrible à toutes les langues pour lesquelles les populations concernées avaient péniblement accumulé quelques acquis.
Dans les lycées sur l'ensemble du territoire, particulièrement en région Occitanie, la chute des inscriptions est massive. Elle s'ajoute aux autres difficultés auxquelles les langues régionales sont confrontées, faute d'une véritable reconnaissance et protection dans notre droit. Ce fut le cas avec les panneaux bilingues d'entrée de ville, qui ont été contestés devant le tribunal ; ça l'est avec les signes diacritiques des langues régionales, qui ne sont pas reconnus à l'état civil. Ainsi, la langue catalane prévoyant des accents aigus sur plusieurs voyelles, des prénoms ont été interdits. Plus que dans le cadre d'un décret, dont les modalités d'application demeurent floues, il convient de reconnaître ce droit dans la loi. C'est pourquoi je vous invite, mes chers collègues, à voter l'article 1er.