Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mardi 7 novembre 2017 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Défense

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Madame la présidente, madame la ministre, monsieur le président de la commission de la défense, madame et messieurs les rapporteurs, chers collègues, mon intervention en commission élargie portait sur l'exigence de s'inscrire dans une politique de désarmement nucléaire. Pour les députés du groupe de la Gauche démocratique et républicaine, il est grand temps que la France ratifie le traité international d'interdiction des armes nucléaires adopté le 7 juillet dernier par 122 pays à l'initiative de l'ONU.

La France doit s'investir sur la scène internationale en déployant une nouvelle politique étrangère et de sécurité au service de la paix et du désarmement. C'est la paix qui doit être la première de nos visions, d'autant plus que la force nucléaire indépendante française représente une dépense de 4 milliards d'euros, en augmentation de 4,5 % en 2018, soit 10 % du budget de la défense hors pensions, 21,9 % des crédits d'équipement.

Dans votre réponse vous avez botté en touche. « On peut souhaiter une interdiction, avez-vous dit, mais elle ne me paraît pas tenir compte de la réalité de notre environnement stratégique actuel. Nous voyons chaque jour la menace que représente la Corée du Nord, acteur de la prolifération nucléaire. » Vous me faites penser au mot du général Colin Powell, chef d'état-major américain qui disait après la chute de l'Union soviétique être à court de démons et devoir se contenter de Castro et de Kim Il Sung.

Votre déclaration s'inscrit dans la posture offensive et agressive de l'OTAN. Elle est inquiétante en ce qu'elle ouvre la voie à la banalisation de l'usage du nucléaire et à la relance de la course aux armements dans ce domaine. Gardons à l'esprit, chers collègues, les propos d'Albert Camus au lendemain d'Hiroshima : « La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. »

Avec l'OTAN, les États-Unis contrôlent les politiques de défense des États membres. Ils maintiennent sur le territoire européen une présence militaire qui n'a plus lieu d'être depuis la fin de la guerre froide. L'OTAN plombe l'ensemble des budgets de défense européens au profit du complexe militaro-industriel anglo-américain. Depuis la fin de la guerre froide, les budgets de défense des pays de l'OTAN seraient suffisants pour assurer la sécurité de chaque pays s'ils n'étaient pas captés au profit des programmes d'armement surdimensionnés imposés par les États-Unis. L'appétence de l'OTAN pour des stratégies de guerre préventive, pour l'usage du nucléaire tactique et l'implantation d'un bouclier antimissile en Europe en fait un facteur d'insécurité et de danger pour la paix dans le monde.

Les principes d'une défense nationale indépendante et progressiste impliquent que notre pays prenne la décision de quitter l'OTAN et appelle au démantèlement de cette organisation, c'est-à-dire à sortir à la fois du traité de l'Atlantique nord et du commandement militaire intégré.

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