Votre système bouleverse considérablement la nature du contrat – qui est au coeur d'un système de retraite – entre les futurs retraités et la société. Pour que le contrat social soit transparent à l'échelle du pays, il faudrait nécessairement qu'il continue d'être fondé sur le principe de la prestation définie. Dans un tel système – le nôtre – , la collectivité s'engage explicitement sur un niveau de revenu garanti aux futurs retraités en fonction de leurs derniers salaires. Ensuite seulement, il revient à la société de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour garantir ces revenus.
Votre réforme aura pour conséquence de casser ce pacte social, puisqu'elle fera disparaître l'engagement explicite qui garantit un niveau de retraite dans la continuité du salaire de fin de carrière. Les assurés cotiseront sans connaître le montant de la pension qu'ils toucheront. C'est la logique inverse de celle du système actuel : celle de la cotisation définie.
Nous pensons qu'un tel mécanisme obligera les salariés, dès leurs jeunes années, à faire des choix en fonction de ce couperet, puisque chaque activité qu'ils exerceront aura un impact sur la pension qu'ils toucheront quarante-cinq ans plus tard. Selon nous, il n'y a pourtant aucune raison pour que la retraite versée à 65 ans reflète la rémunération de l'ensemble de la carrière. Bien au contraire : la prise en compte des vingt-cinq dernières meilleures années correspond à ce que nous appelons la plus-value du travail.