Merci pour votre réponse, madame la ministre. Nous serons évidemment intéressés, une fois les contrôles effectués, par le diagnostic que vous en tirerez.
Conformément à l'analyse de Pierre Dharréville, nous ne voterons pas en faveur de cet amendement. Il serait intéressant de porter à 100 % le niveau de prise en charge du chômage partiel des cols bleus, les « premiers de corvée » : n'oublions pas que le pouvoir d'achat des Français a tout de même été amputé de 11 milliards d'euros à la faveur de la crise ! Mais l'amendement vise à exclure ceux qui gagnent plus de 2,5 fois le SMIC de cette mesure de protection. Je suis favorable à ce qu'on porte à 100 % la prise en charge du chômage partiel, mais pas à ce qu'on en exclue ceux qui gagnent plus de 2,5 SMIC.
Cela me conduit à vous dire une chose, madame la ministre : d'après une étude, 95 % des ouvriers dont les entreprises ont continué à fonctionner sont allés au charbon, pour parler comme on le fait chez moi. À ceux-là, qui touchent des petits salaires, qui sont souvent précarisés, qui sont soumis à un lien de subordination encore aggravé par la récente réforme du code du travail, vous devrez donner des signes, aussi bien en matière d'augmentation du pouvoir d'achat que de protection offerte par le contrat de travail dans la durée.
Je suis inquiet des sirènes que j'entends : quand j'entends l'Institut Montaigne souffler à l'oreille du Gouvernement ; quand j'entends le MEDEF – mouvement des entreprises de France – vous suggérer des amendements permettant le renouvellement automatique, systématisé et pourquoi pas généralisé des CDD, je me dis que l'ancien monde n'est pas tout à fait derrière nous et que les vieilles recettes libérales nuiront toujours aux mêmes, y compris lorsque la crise sera terminée. Je voulais sonner l'alarme sur ce point. Nous y reviendrons plus tard au cours du débat.