Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du mardi 9 juin 2020 à 9h00
Questions orales sans débat — Avenir professionnel des jeunes

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Nous partageons la même conviction, monsieur le député : la crise économique et sociale qui fait suite à la crise sanitaire ne doit pas amener à sacrifier une génération. Nous devons tous agir pour que cette génération ne soit pas la variable d'ajustement de la réponse à la crise. Ne pas agir créerait un risque, parce que les jeunes que vous évoquez seront les derniers embauchés, les derniers formés.

C'est pourquoi, après une concertation avec les partenaires sociaux sous l'autorité du Président de la République, nous avons dès jeudi annoncé une première série de mesures concernant l'apprentissage, cette voie d'avenir et d'excellence – je sais que vous partagez ce point de vue – qui doit continuer de progresser après la hausse exceptionnelle de 16 % constatée en février, lorsque le nombre d'apprentis a atteint près de 500 000, un niveau historique.

Pour ce faire, nous avons décidé qu'une aide serait accordée à toutes les entreprises, car bon nombre d'entre elles voudraient continuer de former des jeunes mais rencontrent des difficultés. L'État couvrira donc la quasi intégralité des salaires et des charges de tous les jeunes qui seront embauchés en apprentissage entre le 1er juillet 2020 et le 28 février 2021 pendant la première année. Autrement dit, une prime de 5 000 euros sera accordée pour l'embauche d'apprentis de moins de 18 ans et une prime de 8 000 euros pour les jeunes de plus de 18 ans, du certificat d'aptitude professionnelle, le CAP, jusqu'à la licence professionnelle.

D'autre part, nous avons prolongé les durées des contrats. Avec le ministère de l'éducation nationale et celui de l'enseignement supérieur, nous avons mis sur pied une plateforme adossée à Affelnet et à Parcoursup afin d'identifier la demande des jeunes dans son ensemble. Bonne nouvelle, à condition que nous réussissions : la demande d'apprentissage explose parmi les jeunes, qui ont bien compris qu'il s'agit d'une voie d'avenir, y compris pendant la crise.

Reste à mobiliser les entreprises, d'où l'importance des mesures que nous prenons, et de celles que nous prendrons avec les régions, à qui incombe la responsabilité de l'orientation vers les différents métiers. Quoi qu'il en soit, le volet relatif à l'apprentissage est essentiel : il faudra l'an prochain maintenir le niveau exceptionnel que nous avions atteint au début de cette année.

Ensuite, nous avons également prévu que les jeunes en centre de formation d'apprentis n'ayant pas encore trouvé de contrat aient non plus trois mais six mois supplémentaires pour renforcer leurs acquis, vérifier leur orientation et mettre le pied à l'étrier afin de décrocher un contrat de travail.

L'apprentissage constitue une voie essentielle mais il n'est pas tout. C'est pourquoi le Président de la République a réuni les partenaires sociaux jeudi dernier afin de lancer une mobilisation pour sauver l'emploi et les compétences. Il m'a confié la responsabilité de conduire la concertation, qui commence cet après-midi et s'organise en cinq volets, dont l'un porte précisément sur l'emploi des jeunes. Comment faire en sorte que les quelque 750 000 jeunes qui vont quitter le système scolaire et universitaire cet été aient les mêmes chances d'embauche que les autres ? Je ne peux pas préjuger de la nature des mesures que nous prendrons puisqu'elles seront le résultat d'une vaste concertation, mais il va de soi que la jeunesse est l'une des grandes priorités du plan de relance.

Nous pouvons aussi mobiliser de nombreux autres dispositifs – j'y reviendrai – mais vous avez raison, monsieur le député : nous avons besoin de tous les acteurs et c'est sur le terrain avec les préfets, Pôle emploi, les missions locales, les collectivités territoriales, les partenaires sociaux et les fédérations professionnelles que nous y parviendrons. Cette mobilisation est essentielle pour qu'aucun emploi destiné à un jeune ne soit perdu.

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