À la mi-février, alors que le premier foyer de contamination français venait d'être identifié aux Contamines-Montjoie, nous avons testé tous les malades et tous les cas contacts, hospitalisé cinq personnes, fermé des écoles, isolé une partie de la commune. Je n'étais pas encore ministre ; mais si je m'étais alors présenté devant le Parlement pour vous soumettre les dispositions que nous vous proposons aujourd'hui d'adopter, j'imagine les débats que nous aurions eus, légitimement d'ailleurs. « Comment ? Pour cinq patients en Haute-Savoie, dont aucun n'est mort, le Gouvernement nous demande de pouvoir prendre en urgence des mesures de protection des populations ? C'est disproportionné ! C'est trop ! Revenez nous voir dans un mois, si la situation s'aggrave. » Je suis certain que j'aurais entendu cela.
La grande différence avec la mi-février, c'est que, sur l'ensemble du territoire national, nous n'en sommes plus à dépister 5 malades dans une commune. Hier, nos hôpitaux ont admis 143 personnes en raison de la sévérité que présentait chez elles la maladie due au covid-19, 14 nouveaux malades en réanimation, dans un état grave. D'un point de vue sanitaire, cette différence est criante. Les deux situations ne sont pas comparables.
Je ne conteste nullement, je le redis, la légitimité de ce débat. Mais nous organisons la sortie de l'état d'urgence sanitaire : nous perdons la possibilité de confiner la population, de restreindre les libertés individuelles et collectives, comme nous avons dû le faire en urgence au mois de mars ; nous mettons fin aux dispositions qui contreviennent à la liberté d'entreprendre. J'estime que ce texte est non seulement plus que mesuré, mais aussi adapté à la situation. Nous devons rester en permanence dans un état de vigilance, d'attention, ainsi que nous l'avons fait depuis le début. J'entends les critiques ; je ne veux pas entrer dans des polémiques au sujet de la gestion de la crise : cela ne m'intéresse pas et ne constitue pas l'objet du débat. Toutefois, pour répondre aux propos quelque peu excessifs qu'a tenus tout à l'heure M. Schellenberger, …