Monsieur le ministre, un consensus a émergé pendant la crise autour des mesures à adopter dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire, mais il faudra bien que celui-ci prenne fin à un moment ou à un autre. Vous devez faire confiance aux Français et à leur sens des responsabilités.
Vous préférez la prolongation de l'état d'urgence sanitaire à un éventuel retour devant l'Assemblée nationale si le besoin s'en faisait sentir, avec l'argument suivant : si demain cinq cas se déclarent à tel ou tel endroit, nous n'allons tout de même pas demander au Parlement d'adopter de nouvelles mesures. Mais que ferez-vous au mois de décembre ou en janvier prochain si, malheureusement, cinq cas se déclarent ? Vous n'allez pas éternellement faire vivre les Français sous l'état d'urgence.
L'état d'urgence permanent – il aura duré huit mois au terme de la rallonge que vous nous demandez de voter – finit par poser un problème de constitutionnalité. Il faudra bien que l'État cesse de vouloir tout régler dans la vie des Français alors qu'il en est parfaitement incapable. Je pense ici à l'incohérence qui consiste à obliger les Français à porter un masque dans les transports en commun tout en justifiant le maintien de la fermeture des salles de spectacle par le fait que l'on ne peut pas faire s'asseoir les gens côte à côte, même masqués. Tout cela est d'une incohérence absolue, vous le savez très bien ; mais l'État ne peut pas s'empêcher d'essayer de tout réglementer – alors qu'il en est incapable.
La question de la confiance que l'État doit accorder à nos compatriotes devra, à terme, être posée. Plus vite nous parviendrons à un système reposant sur la confiance, mieux cela vaudra pour les libertés publiques.